Penser à la hache… pour sauver le monde
…et finalement se couper les bras (3/3)

Écrit le 1 février 2008 par Jiceo

Conséquence pratique

Toute décision porte en elle la possibilité de l’échec. Toute décision est projection dans l’avenir. Mais l’avenir advenu n’est jamais aussi merveilleux que l’avenir prévu. Évidemment. C’est cette contradiction-là qu’il faut accepter en tant que telle comme tragédie constitutive de la condition humaine. C’est l’acceptation de cette contradiction-là qui nous fait entrer homme dans le monde des hommes: accepter de confronter son propre rêve au monde vivant. A fortiori quand on a la prétention de « faire » de la politique. Refuser cette contradiction c’est vouloir demeurer enfant dans le monde des hommes.

Mon but n’est pas évidemment de convaincre. Mon propos, plus modeste, cherche à mettre en relation les intentions et les résultats. Il part d’un point identique à celui des penseurs à la hache: le monde est imparfait. Et il se nourrit d’un désir identique: travailler à l’amélioration de la condition humaine.

Imagination vivante

Mais, peut-on produire une critique pertinente du capitalisme en se contentant de mettre sous les projecteurs, exclusivement ses aspects négatifs? Pas sûr. Attendre ou prophétiser la disparition du capitalisme revient à stériliser sa propre imagination. Voilà le plus grave. Attendre sa disparition c’est accepter de lui courir après éternellement. Car lui avance, sans attendre ses pourfendeurs. Sa dynamique à lui se nourrit justement de ce carburant de choix: l’imagination.

Penser à la hache c’est vouloir séparer en deux parties la dynamique du développement, ce qui exige d’ignorer l’une des deux. Exiger toujours davantage de redistribution en ignorant superbement à quelles conditions ces richesses peuvent être produites. Or, plus on approfondit une question économique, sociale, politique, plus on perçoit avec acuité la complexité du monde, la complexité de la société des hommes, la complexité des rapports qui leur permettent de vivre ensemble, malgré tout. Et plus on pénètre cette complexité constitutive, plus on mesure que toute volonté de changement concret doit se doter des outils adaptés. Chercher à avoir prise sur la complexité du monde réel exige d’apprendre à manipuler l’outil du jardinier amoureux de son travail, le sécateur; d’abandonner l’outil du bûcheron de la pensée, la hache.

Et si la tâche éminente de la gauche en France, en ce début de XXIe siècle c’était de penser une politique de gauche libérée du carcan marxisant, libérée du molletisme? Pour entrer en hommes libres et déterminés dans le monde des hommes vivants?

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