Mélenchon PDG
La révolution au train de sénateur

Écrit le 1 décembre 2008 par Jiceo

Mélenchon-Dolez, un sacré duo de camelots! L’avènement du paradis terrestre n’a jamais été aussi proche, si l’on en croit leur numéro de posticheur samedi soir (29/11/08) au lancement du PDG (Parti de gauche) à Saint-Denis.

«Encore des mots, rien que des mots, toujours des mots…» Jugez vous-mêmes! Marc Dolez a ouvert le bal des hiérophantes. Sonnez tambours, résonnez trompettes! «Nous voulons, et c’est notre feuille de route: augmenter le pouvoir d’achat, revaloriser les salaires, les retraites et les minima sociaux. Nous voulons le SMIC tout de suite à 1500 euros nets par mois et nous voulons indexer les salaires et les retraites sur le coût de la vie.» Ce morceau d’anthologie d’économie politique passait en boucle sur France-Info dimanche. Il fallait l’entendre Saint-Marc scander ses revendications sur ce ton sentencieux qu’affectionnent les télévangélistes. Touchés par la grâce les fondateurs du PDG.

Parlementaire à vie

Assurément la politique n’a plus de secret pour eux. Et manifestement, par bonheur, l’économie non plus. Tant et tant d’années accumulées sur les bancs de l’Assemblée nationale et du Sénat ça vous aiguise le regard sur les comptes de la Nation, non? On ne dit plus n’importe quoi quand on a cette expérience-là. Ou alors ça sert à quoi d’être parlementaire à vie? Oyez, oyez braves gens les réjouissances ne font que commencer, car même si les conteurs de bonne aventure ne nous encore ont rien dit sur les SDF, les mal-logés, les salariés à temps partiel, les mères élevant seule leurs enfants, les handicapés en recherche d’emploi… etc, il n’est pas question de les laisser au bord du chemin. Leur tour viendra dans cette orgie de démagogie.

«Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. » Don Mélenchon de l’Effet de Manche et son compère Sancho Dolez nous ont enfin révélé leur petit secret. Le secret de tous les prêtres dispensateurs impénitents de mots magiques flamboyants; non seulement conteurs de bonne aventure mais en outre ici contempteurs des comptes (mé-comptes) de la Nation. Des rafales de mots magiques qui au final sont insultants pour leurs auditeurs.

Ou bien cyniques, ou bien inconséquents

Avec cette expérience-là qu’ils ont tous deux de l’action politique, il leur est impossible de raconter de tels bobards sans se moquer in-petto de leur auditoire. Eh oui, ils se sont contentés de dire «Nous voulons (augmenter le pouvoir d’achat, revaloriser les salaires, les retraites et les minima sociaux). Nous voulons (le SMIC tout de suite à 1500 euros nets par mois) et nous voulons (indexer les salaires et les retraites sur le coût de la vie).» Ils veulent, soit. Mais l’action politique cela ne consiste pas à «vouloir». Nous le saurions s’il suffisait de dire «je veux» pour que cela soit. Dans ce pays qui au bout de vingt ans de chantier n’a toujours pas réussi à remettre sur pied le financement des retraites pour en assurer la pérennité, il est encore des clowns tristes pour « vouloir » en rajouter dans la dépense sans nous en dire davantage sur la manière de « vouloir » alimenter les caisses.

L’action politique conséquente consiste à se donner les moyens de mettre en œuvre soi-même ses propres préconisations. L’action politique cela consiste à «faire» et à évaluer les résultats à l’aune des promesses. Mais là-dessus les deux compères sont muets. Ils «veulent» et se contentent de « vouloir » comme des enfants-rois trépignent de dépit en criant « Je veux! Je veux! Je veux! » pour conjurer leur impuissance. Ils sont donc ou bien cyniques, ou bien inconséquents les fondateurs du PDG. Et probablement les deux, car nous retrouvons ici cette grande constance de la gauche française: mettre tout en œuvre pour se préserver d’avoir à assumer les responsabilités effectives du pouvoir. En interne comme en externe.

Diviser pour s’éviter de régner

La création d’une nouvelle chapelle est l’une des vieilles recettes. Diviser pour s’éviter de régner. En cultivant à l’extrême la posture de la dissidence on entretient à peu de frais le privilège de minorité. L’avantage est double. On s’offre ainsi une garantie éternelle contre toute victoire électorale, et ce faisant on préserve sa vocation à incarner la conscience morale du monde, à colporter la bonne parole impunément en laissant croire qu’on fait de la politique. Dans ce rôle de procureur moral, on ne court aucun risque d’être mis en défaut sur ses promesses par l’exercice des responsabilités. Quand on pratique le risque zéro en politique on ne fait pas de politique: on fait de la gestion de carrière, en se contentant de commenter la politique d’autrui.

Assez de ce crétinisme politique qui consiste à déclamer sans fin des promesses inconséquentes! Puisque dès qu’on est élu on passe son temps en circonlocutions oiseuses à justifier l’impossibilité de les mettre en œuvre. Là est la source du discrédit dans lequel patauge la politique. Assez de ce crétinisme politique qui consiste à parler aux militants comme on parle à des enfants. La révolution au train de sénateur, ça peut assurer une retraite moelleuse à un activiste de salon; pas l’avenir du pays.

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