Allemagne : les baisses massives d’impôts compromises
Plus les promesses électorales sont girondes, plus elles sont précaires

Écrit le 1 novembre 2009 par Jiceo

• « Allemagne : les baisses massives d’impôts compromises » annonce L’Expansion.com du 30/10/2009. Comme partout (dans les pays démocratiques) l’Allemagne voit ses champions électoraux d’un soir rappelés à l’ordre par la matérialité des faits politiques, étroitement liée à la matérialité des faits financiers et économiques. Comme une partie de la gauche voudrait s’affranchir de la pesanteur terrestre pour diriger le monde du haut de son nuage idéologique (Die Linke en Allemagne, le PDG ou le NPA en France) les nouveaux alliés d’Angela Merkel, ont cru pouvoir s’affranchir de la pesanteur terrestre en promettant des baisses d’impôt: «24 milliards par an d’allègement fiscal». Rien que ça.

Eh bien comme la vieille gauche, la jeune droite apprend à ses dépens que plus les promesses électorales sont girondes, plus elles sont précaires. «Attaqué de toute part, remis en question par les Etats fédérés, le grand projet du nouveau gouvernement allemand de centre-droit, de baisses d’impôts massives, vacille déjà» résume l’Expansion. Avant même d’avoir été lancé : l’histoire s’accélère. Du nouveau ministre des finances qui s’interroge à haute voie sur l’incertitude économique aux 16 états fédérés qui s’insurgent contre ce projet qui pèserait sur leurs recettes fiscales le pays est loin de s’extasier sur la recette miracle. «Les Allemands eux-mêmes n’y croient pas: selon le sondage politique hebdomadaire diffusé par la chaîne ZFD. Ils ne sont que 29% à attendre réellement des baisses d’impôt.»

Frasques verbales

Les Allemands ont voulu rompre avec la grande coalition dont le bilan pourtant est plutôt flatteur mais pour re-découvrir bien vite que dans nos sociétés complexes les marges de manœuvre politique sont limitées. En France on est habitué à ces frasques verbales, entre le «Changer la vie» mitterrandien de 1981 et la découverte soudaine de la «fracture sociale» par Jacques Chirac en 1995 ; après plus de 30 ans de vie politique tout de même pendant lesquels il a occupé les plus hautes fonctions. Mais bon. En tout cas on a déjà donné et largement dans ce registre. Pourtant les Français ne s’en lassent pas davantage que les Allemands.

Comment faire pour s’affranchir de ses promesses électorales tout en donnant l’impression de ne pas manger son chapeau ? Telle est l’équation de la quadrature du cercle politique, dans les démocraties. On peut jouer à vilipender nos hommes politiques, mais sont-ils les principaux fautifs ? Comme si l’expérience jamais ne débouchait sur quelque leçon profitable, à chaque nouveau scrutin les électeurs s’abandonnent au charme des promesses les plus extravagantes, en se rangeant volontiers sous la bannière de la raison, cela va de soi, mais pour mieux succomber à l’hypnose. Puis scenario invariable, au bout de quelques mois lorsque ces « incapables » sont obligés d’en rabattre sur leurs promesses, ils deviennent les nouvelles tête de turc. Les adorateurs d’hier se transforment en exorciseurs vaudou. Et au plaisir de l’insouciance succède le plaisir du dénigrement. A croire que c’est cela qui fait vivre un peuple, le loisir de brocarder sans limite les maîtres qu’il se donne. Et que cela lui suffit. Panem et circences.

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