«Et moi, et moi, et moi…»
Les sanglots longs des enfants de Marianne

Écrit le 16 décembre 2010 par Jiceo

Cet article attristant dans Ouest-France du 16 décembre 2010 page Vendée, sous le titre: « Noël à l’Elysée : Pourquoi La Faute a été oubliée? » La Faute en question c’est bien sûr cette commune du littoral vendéen, La Faute-sur-Mer.

« Des enfants de l’école primaire de l’Aiguillon-sur-Mer étaient reçus à l’Élysée, hier, pour Noël. A La Faute, on s’étonne de ne pas avoir été invités, alors que la commune a été la plus durement touchée par la tempête Xynthia. «Voilà maintenant que même les enfants doivent payer un certain désamour pour la Faute-sur-Mer» s’emporte Serge Claveau, adjoint au maire et président de la nouvelle association pour la défense des propriétaires fautais. En se demandant «vraiment qui a pu les oublier».

Pauvre Marianne qui voit ses enfants refuser de grandir. Ils l’étouffent. Quel avenir pour la jeunesse de ce pays quand elle a pour modèles des adultes, à ce point dépourvus d’autonomie?

« Au total 600 enfants étaient reçus part le Président et sa femme, parmi lesquels des orphelins de sapeurs-pompiers, policiers ou victimes des inondations. Au programme, spectacle et goûter. «Malheureusement il y a eu beaucoup de victimes de catastrophes cette année, et il est difficile d’inviter tout le monde, répond l’Élysée, qui laisse entendre que « les enfants de La Faute pourraient être invités l’année prochaine…»

Désespérante course à la victimisation

Brrr, elle est désespérante cette course à la victimisation. Non seulement les particuliers, mais aussi les associations, et maintenant les élus. Faut-il que nous soyons tombés bien bas. Sommes-nous devenus incapables de mobiliser nos énergies autrement que pour réclamer et attendre de la compassion? Sommes-nous devenus incapables de mobiliser nos énergies autrement que pour réclamer et attendre des solutions extérieures à tous nos malheurs petits et grands? Sommes-nous devenus incapables de mobiliser nos énergies positivement pour nous-mêmes? Sommes-nous devenus à ce point impotents pour considérer la passivité geignarde comme le sommet de l’accomplissement?

Les enfants de La Faute-sur-Mer n’ont pas été invités à l’Élysée? La belle affaire. Ah oui, ceux de la commune d’en face, l’Aiguillon-sur-Mer l’ont été. Et alors? Sur les 36682 communes qui composent La France, y compris celles d’Outre-Mer, il doit bien y en avoir plus de 36000 qui n’ont pas un seul enfant au Noël de l’Elysée. Imaginez la plainte de toutes les communes qui n’ont jamais eu un enfant pour les représenter au Noël de l’Elysée. Assez. Assez. Assez.

Des enfants de Marie aux enfants de Marianne

Entendre un élu municipal déclarer: «Voilà maintenant que même les enfants doivent payer un certain désamour..». Faut-il comprendre qu’en n’étant pas invités à l’Élysée, les enfants de La Faute subissent une double peine? C’est plutôt consternant. C’est ignorer que la présence des enfants au Noël de l’Élysée est symbolique. Ils représentent tous les enfants du pays. Et il ne peut en être autrement.

Ce pays, mon pays, est en pleine déliquescence. Les pratiquants du culte de la République rappellent pourtant à chaque occasion, sentencieusement, que l’école a pour mission de former des esprits libres. Mais, après un siècle d’école obligatoire, après un demi-siècle de scolarisation obligatoire jusqu’à seize ans, le constat s’impose: nous n’avons pas forgé les bons outils d’émancipation. A entendre ces plaintes incessantes monter de partout à longueur d’année, il est manifeste qu’elle a échoué. Les enfants de Marie tentés par le renoncement s’entendaient répondre: « Aide-toi, le Ciel t’aidera ». Une incitation à vivre dont les enfants de Marianne pourraient, à leur tour, tirer parti.

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