Deux ou trois choses que je sais d’elle
Prologue – A gauche on joue à la politique

Écrit le 11 novembre 2007 par Jiceo

Deux ou trois choses que je sais d’elle. Elle la belle endormie sur ses lauriers fanés, celle qui se nomme elle-même « La gauche », avec un « L » majuscule. Usant abondamment du vocable en s’efforçant de ne jamais le doter d’un contenu consistant, elle s’est offert le luxe d’en faire un mot magique. Cela fait le charme des contes de fées, mais se transforme en tragédie transposé tel quel dans le monde d’ici-bas, a fortiori quand on se pique de « faire de la politique ». « Faire de la politique », énoncé qui, par définition exprime la volonté de peser sur le cours des sociétés humaines. Cette volonté exige d’abord la capacité de se mettre en situation de « peser sur ». Ce qui signifie se mettre en situation d’accepter les responsabilités associées. Ce qui présuppose de proposer au pays un projet politique crédible.

A la source de ma réflexion, une expérience de quelques années au sein du PS. Pour autant, ce qu’évoque le terme de « gauche » au long de ces lignes n’est pas un parti; pas exclusivement. C’est plutôt et d’abord le substrat sur lequel elle se nourrit. Ce fond culturel ancien qui fait que la gauche française, pourtant si diverse sous ses apparences institutionnelles, est plantée sur un fond idéologique commun qui l’a stérilisée; y compris sa variante la plus vigoureuse, le Parti socialiste.

Voici l’idée qui court au long de ces billets, et qu’il vaut mieux avoir à l’esprit, faute de quoi le peu de sens qu’éventuellement ils charrient risque en permanence le contresens. Le PS représente effectivement dans le jeu politique français la gauche gouvernementale. Et comme telle il se démarque de toutes les scories du gauchisme. En apparence assurément; en pratique c’est moins sûr. Car reste fortement ancrée dans sa culture une sorte de culpabilité chronique qui l’empêche de s’assumer comme parti de gouvernement.

Nombre de militants et de sympathisants n’ont pas réussi à rompre avec les rêveries paresseuses qui alimentent le fantasme du grand soir. Ils sont sous une sorte de dépendance psychique à l’égard des petits soldats de l’armée du salut trotskyste*, comme fascinés par leur verbe hautain, radical disent-ils. Depuis le 10 mai 1981, malgré le 10 mai 1981, militants comme dirigeants du PS n’ont toujours pas voulu s’émanciper de ce carcan. Leur représentation du monde est figée. Ils se montrent donc toujours incapables d’inscrire le PS dans la dynamique de la mondialisation.

Le PS n’est pas un parti politique contrairement à l’illusion qu’il entretient sur lui-même. C’est juste un lieu où l’on adore parler de politique. En pratique, souvent cela ne dépasse guère la reconduction permanente de la jouissance à dénigrer l’adversaire, à brocarder ses leaders. Au PS on croit faire de la politique. Mais on se contente de jouer à la politique.

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* Malgré les apparences il n'y a pas de "faute" d'orthographe.
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