L’auto-intoxication médiatique

Écrit le 14 janvier 2008 par Jiceo

Le quidam (citoyen ?) même informé, et peut-être surtout bien informé, se perçoit libre; et donc se croit libre. Il l’est certes, mais pas au-dessus des contingences. Car, bien souvent il ne voit pas la composante qui fait de lui le sujet-jouet de ses actes par médias interposés. A force de voir le monde par le prisme des médias, il finit par croire que le monde des médias est la substance du monde (*).

L’échelle des valeurs implicite qu’ils véhiculent finit par paraître aller de soi. La hiérarchie des sujets traités légitime en silence la hiérarchie des questions politiques, sociales, philosophiques… L’angle unique sous lequel est abordé un sujet laisse dans l’ombre tous les autres angles possibles sous lesquels le même sujet aurait pu être abordé… On finit par croire que ce que l’on voit et entend sur les ondes existe comme tel. On ignore la reconstruction du sujet traité et on ignore tout ce qui reste dans l’ombre ce faisant.

Et, suprême perversion on finit par vouloir utiliser les médias, s’en servir à des fins personnelles… politiques, syndicales, associatives, groupusculaires. On provoque un événement. On savoure le retour médiatique, qui légitime ipso facto la justesse de l’inspiration à l’origine de l’événement provoqué… et qui au surplus flatte doucereusement l’ego. Et on s’agite avec fébrilité dans le cycle de l’auto-intoxication médiatique. Le sevrage serait douloureux. Mais il est impossible. Le vide ne peut se substituer à aucune représentation du monde. Il faut juste s’efforcer de reconnaître ces liens qui nous rattachent au monde, autant que faire se peut. (02/06/2003)

(*1) « …il finit par croire que le monde des médias est la substance du monde ». Ajoutons que « monde des médias » peut parfaitement être remplacé par « univers religieux » ou « idéologie politique », etc. L’idée? Aucun média n’existe en soi sans son auditoire, indépendamment de lui. Les médias ce n’est pas une construction extérieure à la société, au-dessus de la société, et qu’il suffirait de supprimer pour rendre sa liberté supposée au citoyen. Le citoyen lecteur-téléspectateur est une composante nécessaire des médias. Aucun média n’existe sans auditoire. Les procès en diabolisation des médias sont souvent comiques, puisqu’ils mettent en scène des acteurs (citoyens ?) parfois véhéments ignorant qu’il leur suffit d’exercer leur liberté pour être  libre.

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