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Déclaration de principes du PS
Trois pas en avant, trois pas en arrière

Écrit le 21 avril 2008 par Jiceo

Enfin un nouveau souffle au Parti socialiste ? En apparence oui. Le projet d’une nouvelle déclaration de principes (lire ci-dessous) est paru. Appelée à remplacer celle de 1990 elle a pour objectif premier de remettre le PS et dans la marche du monde, et dans le sens de la marche. Les avancées sont perceptibles, mais le ver est resté dans le fruit.

Le préambule ose affirmer, enfin: «Pour les socialistes, l’être humain est un être doué de raison, libre, un être social qui grandit de sa relation aux autres, ouvert à toutes les potentialités». C’est-y pas beau, ça? « Un être doué de raison, libre… » peut-être, mais dont la raison et la liberté sont rappelées à l’ordre aussitôt proclamées, dans la suite même du paragraphe, vidant de sa substance la prémisse. «Le socialisme démocratique veut être une explication du monde, une pédagogie de l’action, un avenir pour l’humanité.» Un pas en avant, un pas en arrière.

Les termes « rapports de classe » et « révolution » ont beau avoir disparu, le projet de déclaration ne parvient pas à surmonter l’infirmité historique du PS. Il ne peut s’empêcher de rêver pour sa parole une aura de parole d’évangile, faiblesse rédhibitoire pour une institution (parti politique) dont l’action par nature s’inscrit dans la contingence du monde. Ce besoin pour «le socialisme démocratique* de se vouloir une explication du monde » est un désir religieux, quand bien même il se cache sous l’universalité proclamée de sa parole. Car si «l’idée socialiste porte un message universel», ils croient les socialistes être les seuls à porter un message universel ; qui à ce titre aurait donc implicitement vocation à devenir message unique. Toujours ce penchant messianique monothéiste. Le PS comme toute la gauche française se montre incapable de se constituer comme subjectivité désireuse d’entrer en relation avec d’autres subjectivités, tendue vers la recherche du bien commun naturellement. Mais comme d’autres subjectivités. Ni plus, ni moins.

Trois pas en avant, trois pas en arrière

«Sa nature [du socialisme démocratique] est « d’aller à l’idéal et de comprendre le réel », d’inventer le futur et de travailler dans le présent, d’assumer les tensions et les contradictions qui en résultent et font la vie humaine.» Il y a un vrai progrès ici, la reconnaissance du principe de contradiction comme constitutif de la vie humaine, mis en résonance avec la volonté de travailler dans le présent. Cela aurait dû nous éloigner un peu de la petite mécanique intellectuelle marxisante qui, s’acharnant à vouloir réduire les contradictions, est conduite en permanence à falsifier le monde pour le faire entrer dans les catégories, préétablies et figées, pour les siècles des siècles. Mais chassez le naturel… Art 7 : «C’est une société nouvelle, qui dépasse les contradictions du capitalisme… que les socialistes veulent bâtir.» Et paf ! Juste après avoir reconnu la réalité du marché, du capitalisme, de l’initiative privée, et sans doute effrayé par sa propre audace le PS revient à ses démons. A lui tout seul, il va dépasser les contradictions du capitalisme, ce qu’aucun autre parti de gauche dans le monde n’a réussi (ni le travaillisme anglais, ni la social-démocratie scandinave, ni les États anciennement colonisés du tiers-monde qui se sont construits sur des liturgies anticapitalistes-anticolonialistes…).

France pays des chimères. Certes le capitalisme disparaitra un jour, mais sous la nécessité de ses propres limites. Pas sous l’injonction extérieure d’un diktat intellectuel ou politique. Et pour être remplacé par quoi ? Nul ne sait. En attendant, sa vivacité devrait plutôt nous interroger et enrichir notre réflexion. Elle est terrible cette incapacité d’aller jusqu’au bout de sa propre démarche. Un pas en avant, un pas en arrière.

Dans la catégorie progrès encore il y a ceci : «Le Parti socialiste est un parti réformiste.» Net et sans fioriture. Eh non, raté parce qu’aussitôt contrebalancé : «Il porte un projet de transformation sociale radicale.» Bingo ! La chèvre et le chou. Un pas en avant, un pas en arrière. Comment le PS pouvait-il ne pas écrire au moins une fois le mot « radical » dans sa profession de foi? Impossible. Impossible en effet de forger un discours de parti de gouvernement, en cohérence avec sa nature de parti de gouvernement, tout en donnant des gages au socialisme radical, pardon au verbiage radical. Le PS ne veut pas choisir. Il en mourra.

Broderie rhétorique

Le Parti socialiste ne parvient toujours pas à inscrire son action comme entreprise humaine dans le cours de l’humanité, marquée par sa nature contingente, qui est bien la nature de l’action politique. Certes, l’action politique ne peut se passer d’une interrogation continue sur les enjeux qui la dépassent (métaphysiques, philosophiques, moraux) dans l’espace et dans le temps. Mais, à vouloir conférer une essence universelle à ses réponses contingentes, à vouloir les réduire à une intention téléologique, le PS voudrait être ce qu’il n’est pas.

Fidèle à ses motivations, il inscrit le progrès comme finalité, à bon droit. «Le progrès, synonyme d’amélioration de la vie humaine, est une valeur fondamentale pour les socialistes» qui cette fois donnent un peu de cohérence à leur credo puisque l’article 6 reconnaît enfin (à demi-mot) le moteur du progrès. «Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique, ainsi que par les partenaires sociaux.» Ce n’est pas trop tôt, mais pourquoi encore vider de sa substance cette avancée dans la formulation même qui l’affirme ? «Les socialistes sont partisans d’une économie […] de marché régulée par la puissance publique, ainsi que par les partenaires sociaux» est une formulation qui se suffit à elle-même. Elle reconnait explicitement le moteur du progrès et tout aussi explicitement les limites à imposer au moteur pour éviter l’emballement. Ajouter « sociale » et « écologique » à « économie » pour accepter le « marché«  c’est encore un signe de tartufferie. A vouloir ménager la chèvre et le chou, à vouloir tout embrasser, à vouloir tout dire on finit par ne plus rien dire du tout. D’autant qu’un peu plus loin, l’article 8 en remet une couche : «La régulation est également un des rôles majeurs de l’État pour concilier l’économie de marché, la démocratie et la cohésion sociale.» L’essentiel tient en une phrase. Le reste n’est que broderie rhétorique.

Charabia idéologique

Malgré quelques avancées (le PS semble vouloir revenir dans le monde vivant) la catégorie charabia idéologique demeure chargée.

– Que signifie cette envolée à l’article 4 ? «[Les socialistes] pensent que l’exercice de la raison doit être accessible à tous, acceptable par tous, applicable à tout.» Si on essaie placidement de lui chercher un sens terrestre, rien n’émerge ; hors cette volonté religieuse de conformer tout un chacun sur un modèle unique dont les socialistes détiennent la clé. Craignons à sa lecture qu’il n’y ait qu’une seule manière d’exercer la raison, applicable à tout, acceptable par tous. Un pas en avant, un pas en arrière. «…l’exercice de la raison doit être accessible à tous…»! Penser et formuler une chose pareille qui littéralement ne veut rien dire a quelque chose de pathétique.

«Le but de l’action socialiste est l’émancipation complète de la personne humaine et la sauvegarde de la planète.» Quèsaco l’émancipation complète de la personne humaine? Et que viennent faire dans la même proposition ces deux éléments qui n’appartiennent pas au même registre?

«Le développement durable doit permettre de répondre aux besoins du présent, sans compromettre l’avenir des générations nouvelles.» Bof. Qui pourrait ne pas souscrire à cette banalité? Une belle généralité qui ne mange pas de pain, d’autant qu’elle ne dit rien sur la manière de concilier les dynamiques non convergentes. L’association du « doit permettre » et du « sans compromettre » est à elle seule un programme complet qui promet du sport, avec les syndicats par exemple, pour ajuster les pensions de retraite aux ressources, par exemple.

– Et cette autre avancée considérable : «Ils promeuvent [les socialistes] la connaissance, l’éducation, la recherche, la culture.» Révolutionnaire non? Qui pourrait ne pas faire sienne cette affirmation? Il faut l’imaginer pour essayer de donner du sens à cette avalanche de lieux communs : «Ils promeuvent l’ignorance, l’abêtissement, l’inculture.» Ou alors sont-ils persuadés qu’ils sont les seuls dans le paysage politique français, voire mondial, à promouvoir ces principes?

«La France est, de par son histoire, à la fois, singulière et universaliste…» Et nombriliste. Tout ce qui n’est pas nous est de peu valeur semble nous répéter le PS. « Singulière et universaliste »! « Singulière » oui peut-être, mais comme sont singuliers l’Angleterre, la Grèce, les USA, le Brésil, l’Inde, le Japon, la Chine, etc… Quant à « universaliste » c’est parfaitement faux, puisque dans ce registre les USA nous tiennent la dragée haute. Ce sont eux qui se sont mis en tête d’exporter la démocratie en Irak. La France n’y est même pas.

– En 1981 le PS voulait changer la vie, en 2008 : «Le Parti socialiste veut contribuer à changer la vie…» Il descend ses prétentions d’un cran mais y reste accroché tout de même, quand la tâche d’un parti politique est d’accompagner les changements sociaux. Comme si le XXe ne nous avait pas vacciné contre les tentations de changer l’homme, changer la société, changer la vie.

L’Europe enfin

Et puis comment passer sous silence ce contresens majeur que l’idéologie socialiste en France traine comme un boulet, caché sous un matelas de bonnes intentions : «Enfin, l’État moderne doit être un État, qui investit et émancipe en privilégiant l’éducation, la recherche, l’innovation, la culture.» Ah bon, l’État émancipe. Le citoyen s’assoit et attend que l’État l’émancipe. Bigre, finalement c’est très cohérent ce double mouvement : diabolisation de l’initiative privée d’un côté et exaltation de la passivité personnelle de l’autre, puisque même l’émancipation n’est pas un travail sur soi, mais un statut octroyé par l’État. Que l’État mette des outils à la disposition des citoyens, voilà sa tâche, qui s’arrête-là. Ensuite c’est à eux de s’en saisir. Ils le font ou pas. L’émancipation ne vient pas de l’extérieur, ne tombe pas du ciel. Elle se construit ou pas. Mais cette façon de tout attendre de l’État, y compris donc l’émancipation, passivement. Bizarre.

Le seul domaine au final qui change vraiment au PS concerne l’Europe, sans ambages. «Le Parti socialiste est un parti européen qui agit dans l’Union européenne qu’il a non seulement voulue, mais en partie, conçue et fondée. Il revendique le choix historique de l’Union européenne et de la construction d’une Europe politique.» Adieu donc les tribulations fabusiennes. Tant mieux.

Au final cependant, le sentiment est mitigé. On sent les velléités de revenir dans le monde vivant qui pointent dans ce texte. Mais elles sont contrebalancées par tant de précautions de langage qu’on se demande si l’heure est vraiment venue pour le PS de naître au monde tel qu’il va.

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(**) Et pourquoi faut-il d’emblée ajouter démocratique ? Parce que cela ne va pas de soi ? Comme pour celles qui s’appelaient Démocraties populaires du temps de la Guerre froide et qui se sentaient obligées d’en rajouter ? La République démocratique d’Allemagne (RDA) devait avoir une sacrée mauvaise conscience à côte de sa sœur «  fédérale  » (RFA) pour se sentir obligée d’ajouter «  démocratique  » à «  république  ».

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Parti socialiste 23 avril 2008
Projet
DECLARATION DE PRINCIPES
PREAMBULE

Le Parti socialiste plonge ses racines dans la tradition de l’humanisme et dans la philosophie des Lumières. Il fait siennes les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, proclamées par la Révolution Française. Il est né de la rencontre entre une pensée critique, riche et diverse, et l’action du mouvement ouvrier qui, pendant deux siècles, ont porté une contestation de l’organisation sociale façonnée par le capitalisme et ont défendu le projet d’une société solidaire dont tous les membres jouissent des mêmes libertés et des mêmes droits. Il revendique le souvenir de 1848, de la Commune, l’héritage de la République et de son œuvre démocratique, des grandes conquêtes sociales du Front Populaire, de la Libération, de mai 1968, de mai 1981 et des gouvernements de gauche qui se sont succédés. Il participe des grands combats politiques et intellectuels pour la liberté de l’homme, de l’Affaire Dreyfus à l’abolition de la peine de mort.

Ces ambitions sont plus que jamais d’actualité. Pour les socialistes, l’être humain est un être doué de raison, libre, un être social qui grandit de sa relation aux autres, ouvert à toutes les potentialités. C’est pour cela, que les conditions dans lesquelles il vit sont essentielles. Bâtir un monde nouveau et meilleur, obéissant à la dignité de l’homme et assurant la sauvegarde de la planète, est la tâche première des socialistes, celle qui motive un engagement renouvelé pour le progrès au fil des générations, par-delà les moyens mis en oeuvre, qui, eux, se formulent différemment dans le temps selon les enjeux et les problèmes.

Le socialisme démocratique veut être une explication du monde, une pédagogie de l’action, un avenir pour l’humanité. Sa nature est « d’aller à l’idéal et de comprendre le réel », d’inventer le futur et de travailler dans le présent, d’assumer les tensions et les contradictions qui en résultent et font la vie humaine.

I – NOS FINALITES FONDAMENTALES

Art 1
Être socialiste, c’est ne pas se satisfaire du monde tel qu’il est. L’idée socialiste relève, à la fois, d’une révolte contre les injustices et de l’espérance pour une vie meilleure. Le but de l’action socialiste est l’émancipation complète de la personne humaine et la sauvegarde de la planète.

Art 2
L’égalité est au coeur de notre idéal. Cette quête n’a de sens que par et pour les libertés. Égalité et liberté sont indissociables. Aux injustices et aux violences du monde, l’idée socialiste oppose un engagement pour une humanité libre, juste, solidaire et respectueuse de la nature. Elle porte un message universel, dès lors qu’il s’agit de défendre les droits fondamentaux de chacun et de tous. Pour les socialistes, ces objectifs ne peuvent être atteints à partir du fonctionnement spontané de l’économie et de la société. La redistribution permanente des ressources et des richesses est nécessaire pour donner une réalité à l’égalité des droits, offrir à chacun les chances de conduire sa vie, et réduire les écarts de conditions.

Art 3
Le développement durable doit permettre de répondre aux besoins du présent, sans compromettre l’avenir des générations nouvelles. Les finalités du socialisme démocratique, l’émancipation humaine, portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement. Cette nécessité demande des réponses qui ne privilégient pas la rentabilité immédiate, concilient les intérêts particuliers et l’intérêt général, le développement et l’écosystème. Conscients de l’étroite interaction des activités humaines et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès des sociétés humaines et la satisfaction équitable de leurs besoins.

Art 4
Le progrès, synonyme d’amélioration de la vie humaine, est une valeur fondamentale pour les socialistes. Ils pensent que l’exercice de la raison doit être accessible à tous, acceptable par tous, applicable à tout. Ils promeuvent la connaissance, l’éducation, la recherche, la culture. Ils veulent mettre les avancées scientifiques et technologiques au service des hommes et de la planète. L’expansion technologique, le développement des nano et biotechnologies, l’ingénierie génétique posent des questions essentielles pour l’avenir de l’humanité. Le mérite du principe de précaution est de permettre de faire des choix collectifs, à travers l’arbitrage des choix politiques, qui subordonnent l’acceptabilité des risques, inséparables du développement de la science, à l’utilité des innovations et à la légitimité de leur utilisation. Le progrès économique et social ne peut plus être apprécié à l’aune de la seule croissance de la production marchande, mais doit l’être à l’aide des indicateurs reflétant la qualité effective des conditions d’existence et de travail des individus.

Art 5
La démocratie représente, à la fois, une fin et un moyen. Elle incarne une valeur et un combat universels. Elle conditionne la nature même de l’action socialiste. Elle ne se résume pas à une méthode. Être socialiste, c’est penser que les hommes et les femmes décidés à agir ensemble peuvent influer sur l’évolution de leur vie, de leur société et du monde. Notre socialisme est une conception et une pratique de la citoyenneté dans tous les domaines et sous toutes ses formes. Démocratie politique et démocratie sociale, démocratie représentative et démocratie participative forment un tout pour permettre la délibération et la décision collectives.

II – NOS OBJECTIFS POUR LE XXIE SIECLE

Art 6
Les socialistes portent une critique historique du capitalisme, créateur d’inégalités, porteur d’irrationalité, facteur de crises, qui demeure d’actualité à l’âge d’une mondialisation dominée par le capitalisme financier.
Les socialistes sont partisans d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique, ainsi que par les partenaires sociaux. Le système voulu par les socialistes est une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, un secteur public, des services publics de qualité, un tiers secteur d’économie sociale.
Les socialistes affirment que certains domaines de l’activité ne peuvent relever du fonctionnement du marché, quand ils concernent des droits essentiels. Les socialistes font de la création durable et de la redistribution des richesses un enjeu majeur de l’action politique. Ils pensent que les politiques participant aux enjeux environnementaux doivent être coordonnées par la puissance publique garante du long terme et de l’intérêt général.

Art 7
Les socialistes défendent un modèle de développement durable qui conjugue la croissance, l’innovation technologique, l’impératif écologique, la création d’emplois, la protection sociale. Les socialistes se préoccupent non seulement de la quantité des richesses produites et de leur distribution, mais aussi de la manière de les produire et du contenu de la production.
C’est une société nouvelle, qui dépasse les contradictions du capitalisme, faisant toute sa place au secteur non-marchand, que les socialistes veulent bâtir. Le travail humain est un enjeu fondamental, c’est un moyen individuel et collectif d’insertion, de reconnaissance, d’émancipation. Les socialistes refusent une société duale où certains tireraient leurs revenus de l’emploi et d’autres seraient enfermés dans l’assistance. La qualité de l’emploi est un objectif fondamental qui suppose une rémunération juste, des droits garantis et respectés, un accès à la formation tout au long de la vie favorisant la promotion professionnelle et sociale. Le travail doit aller de pair avec un mode de vie qui donne du temps libre, l’accès à la culture et au sport, offrant à chacun de construire sa vie et la possibilité de participer à la vie publique.

Art 8
Une tâche tout aussi importante est de réactualiser ce qui est l’apport propre du socialisme démocratique dans le siècle dernier, l’État social, qui permet aux réponses collectives de satisfaire les besoins individuels dans leur diversité. Celui-ci privilégie d’abord l’investissement productif au détriment de la rente. Il assure ensuite une protection contre les risques sociaux. Il repose sur une redistribution assumée. Il doit garantir pour tous, la sécurité des personnes et des biens sans laquelle il n’y a pas de liberté réelle.La régulation est également un des rôles majeurs de l’État pour concilier l’économie de marché, la démocratie et la cohésion sociale. Enfin, l’État moderne doit être un État, qui investit et émancipe en privilégiant l’éducation, la recherche, l’innovation, la culture.

Art 9
Lutter pour la paix, la sécurité collective et le co-développement correspond à la vocation internationaliste des socialistes. C’est notre horizon pour le siècle qui commence. Le combat pour une communauté internationale pacifique est indissociable de la défense des droits de l’Homme. Il demande également de reconnaître les intérêts propres des États et des peuples, de travailler à dégager les intérêts communs pour construire un monde équilibré, juste et sûr. Il exige aussi un double effort pour conforter et réformer les institutions internationales. Nous avons besoin pour ce faire du renforcement des Nations unies et du poids de l’Union européenne et de sa détermination.

Art 10
La volonté des socialistes est de contribuer à faire de la France un pays ouvert, respecté dans le monde, oeuvrant pour la paix, les droits de l’Homme et le développement durable. La France est, de par son histoire, à la fois, singulière et universaliste, elle doit être fidèle à ce double héritage. Elle doit respecter tous ceux qui vivent sur son territoire en combattant toutes les discriminations.

III – NOTRE PARTI SOCIALISTE

Art 11
Le Parti socialiste est un parti républicain. Il oeuvre pour le progrès social. Il s’organise au service de l’engagement citoyen. Il fait siennes les valeurs de la République, la liberté, l’égalité, la fraternité. Il combat pour la séparation des pouvoirs, garantie d’un régime de responsabilité politique. Il défend le pluralisme et l’indépendance de l’information dans les médias. Il ne considère pas la nation comme une juxtaposition de communautés, mais comme un contrat entre citoyens libres et responsables, respectueux des droits de toutes celles et de tous ceux qui vivent sur son territoire, attentif à ce que chacun accomplisse aussi ses devoirs vis-à-vis de la collectivité.

Art 12
Le Parti socialiste est un parti laïque. Il défend la séparation des Églises et de l’État. Il veille au respect de la liberté de conscience. La laïcité est plus qu’un principe de tolérance, elle est un combat contre tous les fondamentalismes et tous les intégrismes. Elle entend promouvoir et organiser un espace commun, prenant en compte les diversités culturelles et religieuses, dès lors qu’elles ne sont pas un obstacle pour les libertés individuelles et collectives. La laïcité est une condition de notre vivre ensemble dans la République.

Art 13
Le Parti socialiste est un parti réformiste. Il porte un projet de transformation sociale radicale. Il sait que celle-ci ne se décrète pas, qu’elle résulte d’une volonté collective forte assumée dans le temps, prenant en compte l’idéal, les réalités et l’histoire. Le Parti socialiste veut contribuer à changer la vie avec la société et par la société, par la loi et le contrat. Il ne considère jamais les rapports de force d’un moment comme figés ou indépassables. Il entend lutter contre tous les déterminismes sociaux, source d’injustices et d’inégalités.

Art 14
Le Parti socialiste est féministe et agit en faveur de l’émancipation des femmes. Il œuvre pour l’égalité entre les femmes et les hommes et la mixité de la société. Il garantit aux femmes, l’accès aux droits fondamentaux (santé, éducation, contraception, IVG), et condamne la marchandisation du corps humain. Il combat les atteintes à l’intégrité et à la dignité humaines en raison du sexe ou de l’orientation sexuelle.

Art 15
Le Parti socialiste est un parti décentralisateur. Il met le respect de la diversité, des territoires, au coeur de ses valeurs. Il veut allier la présence d’un Etat régulateur et garant de l’équilibre –y compris financier- entre les territoires, à une démocratie locale vivante et
innovante.

Art 16
Le Parti socialiste est attaché aux grands principes de la Justice. Celle-ci est une valeur et une institution. Elle est garante de la réalité des droits de chacun. Elle doit être accessible et égale pour tous. Elle a pour vocation non seulement de sanctionner mais aussi d’aider à la réhabilitation et à la réinsertion dans la société.

Art 17
Le Parti socialiste met la culture au centre de ses valeurs. Celle-ci permet, à la fois, de rassembler et de libérer. Face au danger d’une civilisation par trop uniformisée et marchandisée, la culture, avec l’apport irremplaçable des artistes, contribue à construire un monde fondé sur la diversité, le dialogue, l’ouverture. L’accès à la culture pour tous et la démocratisation des pratiques culturelles sont notre objectif.

Art 18
Le Parti socialiste est un parti européen qui agit dans l’Union européenne qu’il a non seulement voulue, mais en partie, conçue et fondée. Il revendique le choix historique de l’Union européenne et de la construction d’une Europe politique. Pour les socialistes, celle-ci doit avoir pour mission, par ses politiques communes, d’assurer la paix sur le continent et d’y contribuer dans le monde, de favoriser une croissance forte et durable et le progrès social, de promouvoir la créativité et la diversité culturelle, d’aider à relever les défis planétaires par l’exemple d’association qu’elle offre. Membre du Parti socialiste européen, le Parti socialiste entend tout mettre en oeuvre pour le renforcer afin que soit porté un message socialiste en Europe.

Art 19
Le Parti socialiste est un parti internationaliste. Il condamne toutes les oppressions et exploitations dont sont victimes les hommes et les peuples, qu’elles qu’en soient les origines et les causes. Il agit pour le développement des pays du Sud. Il combat la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme sous toutes leurs formes. Il milite pour un ordre international juste et respecté, pour une coopération entre les peuples. Il défend le rôle de l’ONU et des institutions internationales. Il souhaite que l’Internationale socialiste, de forum international pour les partis et les forces progressistes qu’elle tend à être aujourd’hui, devienne un véritable mouvement progressiste et internationaliste.

Art 20
Le Parti socialiste est un parti populaire ancré dans le monde du travail. Il est le produit des combats politiques et des luttes sociales menées tout au long des XIXe et XXe siècles. Il entend exprimer l’intérêt général du peuple français.

Art 21
Le Parti socialiste est un parti démocratique. Il fait de la parité entre les hommes et les femmes un principe. Il respecte chacun de ses adhérents. Il organise un débat politique transparent et ouvert. Il veille à la diversification des responsabilités partisanes et électives à tous les niveaux. Il prend en compte dans un dialogue permanent, les forces et les mouvements de la société civile, en particulier les syndicats, les associations, les organisations non gouvernementales… Le Parti socialiste est un parti qui défend une éthique politique dans l’engagement militant. Il repose sur une adhésion volontaire qui demande que les décisions, les textes et les règles, délibérés et adoptés en commun, soient respectés.

Art 22
Le Parti socialiste veut rassembler toutes les cultures de la gauche. Il ne se résigne pas aux divisions de l’histoire. Organisant en son sein depuis toujours un libre débat, il appelle tous les hommes et toutes les femmes qui partagent ses valeurs à rejoindre ce combat.

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Un commentaire sur “Déclaration de principes du PS
Trois pas en avant, trois pas en arrière”

  1. […] D'échec électoral en congrès houleux, de victoire surprise en humiliation électorale, de "Nouvelle déclaration de principe" inaboutie en déchirements intestins, depuis plus de 15 ans les mêmes reproches sont ressassés […]

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