P.S. : pleurnicheries socialistes
• Et si la vertu cardinale des socialistes encartés était la pleurnicherie? Il a suffi d’une phrase de Martine Aubry (le 24 novembre sur France2) pour voir reproduit sur tous les médias une nouvelle facture du fameux tableau des « Éléphants versant des larmes de crocodile »; éclairé (façon de parler) par la haute tenue des commentaires qui l’accompagnaient, moutonniers à souhait. Ah que le monde est simple vu d’un poste d’observation en surplomb du théâtre des opérations.
Que Martine Aubry déclare à 20h15: «Nous avons déjà dit que nous réfléchissons ensemble. Ségolène a dit qu’elle souhaitait aussi réfléchir avec nous et donc nous (M. Aubry, D. Srauss-Khan, S. Royal) proposerons une candidature véritablement ensemble, c’est-à-dire pas l’un contre l’autre ou l’une contre l’autre», et aussitôt les « observateur » se plaisent à relever le nouvel esprit qui règne au parti Socialiste. Les égos enfin ne s’y déchirent plus mais tempèrent mutuellement leur ardeur à se déchirer pour ensemble proposer une option solide au pays.
Mais il suffit que cette déclaration déclenche une mucite nasale chez François Hollande au point de sortir son mouchoir le lendemain sur RTL: «Une élection présidentielle, ce n’est pas un arrangement» pour observer que nos observateurs professionnels, oubliant leurs commentaires de la veille, s’empressent illico de souligner, péremptoires, la maladresse de la Première secrétaire. Inflammation très contagieuse puisque Ségolène Royal, le surlendemain, se sent obligée d’en rajouter: «Il y a eu ambiguïté dans ce qui a été dit… qu’on se mettrait d’accord entre nous avant les primaires. Non.» Ce qui donne l’occasion derechef aux observateurs professionnels de frétiller d’aise.
Sommes-nous condamnés à supporter ces pleurnicheries jusqu’à la fin des temps? De quel scandale est donc coupable Martine Aubry? D’avoir tenu compte du passé du parti, de sa culture infantile du déchirement interne pour la lutte des places, sans débouché politique crédible? De discuter enfin comme des adultes engagés dans l’élaboration d’un scénario gagnant, mettant enfin en résonance les attentes des Français avec les qualités des candidats potentiels?
Résumons: présenter un candidat légitimé par les deux autres potentiels au lieu d’un affrontement stérile entre écuries concurrentes qui en fin de compte se serait soldé par un rabibochage une fois l’échéance passée, ce scénario-là où les gens se parlent avant d’agir ne serait pas progrès; substantiel?