« Ecrire une nouvelle page » : LeMonde.fr caviarde ses archives

Écrit le 16 décembre 2010 par Jiceo

D’autres abonnés du Monde.fr ont-ils observé de discrets caviardages d’anciens commentaires sur leur page personnelle ? Quelle est l’ampleur du caviardage sur LeMonde.fr? Telle est la question que pose ce billet. Non que mes commentaires auraient la faculté de changer le monde. Je suis sans illusion sur ce sujet-là, aussi; ce qui justement renforce le bien fondé de ma question. Quelle est la motivation de la suppression de commentaires qui ne représentent de danger pour personne? S’agit-il de donner du monde (du Monde?) une image de perfection achevée, et pour ce faire blanchir son histoire? Je m’étonne simplement de méthodes que je pensais dignes de La Pravda de la grande époque, et donc ipso facto, indignes du Monde.fr, qui (selon une légende tenace?) serait « le journal de référence » en France.

C’est la lecture ce jour sur LeMonde.fr de cet article « Eric Fottorino révoqué de la présidence du directoire du groupe Le Monde  » qui a déclenché ma curiosité. J’ai recherché sur ma page personnelle le commentaire en réaction à l’éditorial du 3 novembre 2010, signé du même Eric Fottorino; pour tenter de comprendre le chemin parcouru en un mois. Or, je viens de découvrir que ce commentaire a disparu.

Eric Fottorino, le 3 novembre 2010, avait titré l’éditorial du Monde: « Ecrire une nouvelle page« . Il débutait ainsi:

« Un nouvel élan. La poursuite d’une aventure éditoriale commencée en 1944 et qui se poursuivra sous les auspices d’une pérennité économique assurée : ce sont les premiers mots qui s’imposent pour saluer la recapitalisation réussie de notre maison.

Mardi 2 novembre, MM. Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse sont officiellement devenus actionnaires majoritaires du Groupe Le Monde à travers la structure dite « Le Monde Libre », qu’ils contrôlent à 100%… »

Au cœur de son exposé, il en arrive au point d’inflexion:

« Les carences de la gestion passée ne sauraient à elles seules expliquer les défaillances de l’entreprise Le Monde. Précisément parce qu’il ne s’agit pas d’une entreprise comme les autres, mais d’un jour­nal, et pas n’importe quel journal : celui qui prétend devenir la référence, alliage de compétence et d’indépendance éditoriale. »

Point d’inflexion à partir duquel il s’agit de repartir du bon pied. Le paragraphe suivant débute en écho:

« Encore faut-il s’entendre sur le sens donné à l’indépendance. Journalistes, tenus à la rigueur et à la distance, nous ne sommes pas à l’abri de nos propres préjugés, de nos préférences politiques ou idéologiques. »

Ce qui à mes oreilles résonnait comme un truisme était illustré sans ambages un peu plus loin:

« Que de leçons données ! Que de personnalités injustement malmenées, semoncées voire jugées dans nos colonnes ! L’erreur fut souvent de prendre nos excès pour l’expression de l’indépendance, quand ils n’étaient qu’insignifiance. »

Et c’est cette phrase-là qui débutait mon commentaire; citation suivie d’une attente: « Puisse ce retour sur soi tenir les promesses qu’il recèle. » Ce sont ces quelques lignes qui ont disparu. Bigre! Si Le Monde a peur même de ses lecteurs, il est vraiment très mal en point.

L’invitation d’Eric Fottorino à écrire une nouvelle page a fait long feu.



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